Titre:
bête et méchant
Auteur:
François Cavanna
Année
de première édition:
1981
Cote:
B CAV
Domaine:
Biographie
J'avais
quitté Cavanna au retour de la Guerre en 1945 dans « Les
Russkoffs » et le retrouve avec plaisir pour la suite de son
autobiographie. François est de retour à Nogent-sur-Marne chez ses
parents et se sentant l'envie de vivre de ses dessins, il
va essayer de placer ces derniers dans la presse grand public qui est
la seule à l'époque à proposer des dessins humoristiques. Ce sera
l'époque des vaches maigres où l'on court avec les potes
dessinateurs les bureaux des rédacteurs en chef pour placer un
dessin mais Cavanna ne rentre pas dans le moule du conformisme de
l'humour de l'époque.
Heureusement
il y a les illustrations pour les livres d'enfants et autres salons
où il peut gagner de quoi subsister; de plus Cavanna vit avec
Liliane, rescapée des camps, qui lui donne le courage de se lever chaque matin et
d'affronter la « jungle » de la presse. Liliane, au début
François il avait pas prévu de tomber amoureux. Mais la vie a fait son oeuvre et maintenant il
en est pincé et formule des projets d'avenir dans un Paris soumis à
la crise du logement.
Malheureusement
c'est aussi le temps des drames personnels pour Cavanna qui va vivre
des moments très douloureux. Son salut viendra d'un propriétaire de
journal vendu par des colporteurs. Cavanna y sera vite rédacteur en
chef et apprendra en quelques années comment on fait un journal de A
à Z. Naîtra alors l'envie d'éditer un journal avec les potes où
il pourra développer les trucs qui le font rire à savoir taper fort
sur tout pour ne pas mourir étouffé sous la bienpensance et la
morale à la con.
Ce
journal ce sera « Hara-Kiri » crée avec Choron et dans
lequel tout une bande de gars sacrément doués feront leurs armes
comme Cabu, Topor et Reiser. Dans le livre, Cavanna en dresse de très
beaux portraits et explique aussi comment par la force des choses, il
s'est mis à écrire plutôt que dessiner. Mais la surnoise censure
veille dans cette France des « libertés » et en 1967,
« Hara-Kiri » est pour la deuxième fois interdit de
publication.
Ce
livre vaut pour la belle langue de Cavanna qui décrit sa vie avec
sincérité et qui retrace l'aventure d'Hara-Kiri, le journal bête
et méchant. Mais Cavanna se laisse aussi aller grâce à son
intelligence à expliquer pourquoi il aime l'humour qu'il développe
dans son journal et pourquoi cet humour est indispensable. Il
explique aussi pourquoi il ne veut faire partie d'aucun mouvement
politique et retrace l'époque où un journal pouvait être interdit
car il déplaisait au gouvernement. Et Cavanna de nous entraîner
dans sa révolte face à la connerie!!