samedi 26 octobre 2013

Au pays des Grizzlis




Titre: Mes années grizzlis: à la recherche de l'Amérique sauvage

Auteur: Doug Peacock

Année de première publication: 1990

Domaine: Sciences Pures

Cote: 599.78 PEA

Localisation: Prêt Adulte



Ce livre relate la rédemption d'un ancien soldat américain du Viet-Nam qui a son retour de la Guerre trouvera un sens à sa vie au contact des grizzlis dans leur milieu naturel à savoir les montagnes du Nord-Ouest des USA.

Ce témoignage est intéressant à plusieurs titres; tout d'abord parce qu'il nous conte la biologie des grizzlis racontée par un gars qui a passé 25 ans à les observer; donc mine de rien on apprend plein de trucs sur un des derniers super-prédateur des Etats-Unis. Mais ce livre est encore plus intéressant car il nous livre l'âme d'un homme sérieusement détruite par les horreurs du Viet-Nam qui va trouver la paix avec les grizzlis dans l'Amérique sauvage.

Le livre raconte plusieurs rencontres de Doug avec les grizzlys agrémentés de quelques souvenirs du Viet-Nam et la transformation du narrateur de « vétéran perdu » en père de famille. Bien sûr, on frissonnera à la lecture des rencontres de Doug à moins de dix mètres des grizzlys. On apprendra qu'ici comme là-bas, la protection de l'ours est avant tout une affaire de politique.

Grâce à son ton simple, on a l'impression de cheminer avec l'auteur dans cette nature sauvage et de se retrouver à observer les grizzlis dans leur denier habitat naturel. De plus on acquiert une conscience naturaliste et anarchisante contre les exploiteurs de ces contrées sauvages et les exterminateurs d'espèces. Car s'il y avait un message à retenir de ce livre en plus du fabuleux témoignage de vie, c'est que nous avons le choix, nous les humains, de vivre ailleurs que dans ces contrées plus si sauvages que ça alors que le grizzly n'a que cet habitat à sa disposition.

Doug Peacock au travers de ce récit de vie prend la trace de Kerouac et London, désobéit comme Thoreau et nous montre une voie de vie en communion avec la nature et le refus du conformisme destructeur.

Ce qui ont lu « Le gang de la clé à molette » ne seront pas surpris d'apprendre que Doug Peacock a été le modèle du vétéran saboteur dans le livre.

Lire ce livre c'est sentir la force du « Wild » et réfléchir à notre futur avec des pistes de réflexions radicales mais peut-être salutaires. Les années passant, l'auteur redevient comme les Indiens, un animal parmi d'autres animaux, un homme parmi les esprits de la forêt et de la montagne...

dimanche 20 octobre 2013

La Machine à voyager dans le temps existe bel et bien...




Titre: La Cerisaie

Auteur: Tchekhov

Année de création: 1904

Domaine: Théâtre

Cote: TCH 891.7

Localisation: Prêt Adulte



Vous avez aimé pendant le collège étudier et surtout lire des pièces de théâtre mais depuis vous n'en avez quasiment lues aucune. Alors pourquoi pas vous laisser tenter par « La Cerisaie » qui est une pièce qui se lit facilement et qui vous fera faire un voyage dans le temps et dans l'âme russe.

En effet, l'histoire est simple: une famille d'aristocrates russes revient ruinée de France dans la demeure familiale où pousse dans le verger une très belle cerisaie. Pour sauver la famille de la ruine, il faut vendre la propriété mais les protagonistes en auront-ils la force?

Cette pièce est un voyage dans le temps car écrite entre 1901 et 1903, une période où les aristocrates russes vivent leurs derniers moments de privilèges. Le vieux valet qui s'appelle Firs dans la pièce rappelle qu'il n'y a pas si longtemps que le servage a été aboli et déjà une autre révolution se profile.

Cette pièce est aussi un voyage dans l'âme russe dont on ne peut que tomber sous le charme pour l'inconstance de son aristocratie ou la façon bien slave de régler les problèmes et surtout de laisser faire jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que la possibilité de l'action pour apporter une solution. C'est un ancien monde qu'il nous est donné là d'analyser et de regarder vivre.

Vous me répondrez que l'on peut aussi ouvrir un livre d'Histoire pour savoir ces choses-là mais Tchekhov écrit si bien; sa pièce est un tourbillon où tous les personnages sont emportés, un tourbillon où l'absurde n'est jamais loin et où l'on touche au mystère de l'âme russe. Le passé comme le futur est ici convoqué avec maestria et l'on ne peut qu'être ému par ces personnages et le devenir de la cerisaie.

Alors si vous voulez toucher la magie de l'écriture, laissez-vous tenter par ce voyage hors du temps, si lointain et si proche à la fois...

jeudi 15 août 2013

Une leçon avec le grand Daniel




Titre: Dictionnaire amoureux du rugby

Auteur: Daniel Herrero

Année de première édition: 2004

Domaine: Sports

Cote: 796.333 HER

Localisation: Prêt Adulte

Utilisation: Prêt Normal



Vous avez appris il y a seulement quelques années qu'il y a un sport pratiqué en France et dans le monde qui s'appelle rugby et vous souhaitez en savoir plus; vous suivez chaque match du XV de France mais beaucoup de subtilités de ce jeu vous échappent; vous êtes comme moi issu d'une terre d'Ovalie où petit on joue plus facilement au rugby qu'au foot et vous pensez tout connaître de votre sport; et bien pour tous ces cas de figure, ce livre est fait pour vous.

En effet, Daniel Herrero, sage parmi les sages, extraordinaire amoureux du jeu de rugby, va vous prendre par la main et mot par mot, expression par expression, va vous expliquer sans jamais être compliqué, l'histoire, la géographie, les lieux mythiques, la technique, les postes et les grands noms du rugby mondial et hexagonal. J'ai envie d'écrire que ce livre est le manuel de l'université populaire du rugby, où la langue truculente du grand Daniel vous expose quelques vérités sur le rugby et la vie.

Des secrets y seront révélés, des pans d'histoire dévoilés, des anecdotes déterrées et enfin, un jeu expliqué, un jeu qui marque à jamais ceux qui l'ont pratiqué, quel que soit le niveau. Le rugby, c'est l'arche de Noé des sports collectifs car on a besoin de tout le monde: grands , petits, maigres, gros, rapides, forts,... Le livre de Daniel Herrero est à l'image d'une équipe de rugby, hétéroclite par ses sujets mais homogène par son but qui est de transmettre l'amour du jeu.

Lire ce livre a été une grande joie pour moi qui ai usé quelques paires de crampons sur les tous les terrains du département du temps de ma jeunesse insouciante et je suis sur que ce travail sérieux et rigolo ravira tous les fans de rugby.

De plus, la langue et l'imagination de Daniel Herrero sont à découvrir tellement elles sont uniques dans le monde de l'Ovalie. Lire ce livre c'est de nouveau entendre les commentaires de Daniel sur Sud Radio, à la grande époque comme disent les « vieux connaisseurs », quand on coupait le son de la télé pour entendre la voix de Daniel qui émanait de la radio et nous entraînait vers des sommets de régalade.

Après, pour terminer et même si la professionnalisation du rugby a enlevé pas mal de magie et de mystères au jeu, j'ai envie de continuer à aimer ce sport et terminer, comme Daniel à la radio, par un grand: « CIAO, CIAO, Les collègues!!! ».

samedi 27 juillet 2013

Lire et relire Taniguchi



Livres de Jiro Taniguchi à la médiathèque:



Blanco (tome 1 à 4)

Le journal de mon père (tome 1 à 3)

L'homme de la toundra

L'orme du Caucase

Quartier lointain (tome 1 et 2)

Un ciel radieux



La première fois que je suis tombé sur une case de Jiro Taniguchi, ce qui m'a frappé a été la beauté de son dessin; en noir et blanc, tout en ligne claire et d'une précision quasi-photographique. De plus, les gens- adultes comme enfants ou adolescents- sont beaux de la beauté des simples gens.

Toutefois, dans les livres de Taniguchi, il n'y a pas que de beaux dessins; il y a aussi de bonnes histoires.

Des histoires qui s'attachent aux petits riens de la vie qui la rendent si merveilleuse et parfois cruelle, comme dans le recueil de nouvelles-dessinées L'orme du Caucase.

Des histoires fantastiques et oniriques où l'on peut revivre son adolescence avec ses connaissances d'adulte comme dans Quartier lointain ou Un ciel radieux. Mais pourquoi revivre ces instants-là? Et bien pour essayer d'effacer les erreurs du passé, pour le plaisir des situations cocasses qu'ils provoquent et surtout pour nous faire faire de beaux voyages dans l'âme humaine.

On aura plaisir à découvrir le Japon moderne comme celui un peu plus ancien dans Le journal de mon père et on se baladera dans le Grand Nord avec Blanco et L'homme de la toundra.

Taniguchi croque avec tendresse la vie familiale et ses fêlures; il sait aussi mettre en lumière la simplicité et la belle âme des enfants. Il a quelques thèmes récurrents comme la séparation des parents, le père qui se « tue » au travail sans voir ses enfants grandir, ces enfants qui finalement ne connaissent pas vraiment leurs parents, la beauté de l'enfance et de l'adolescence...

Même si Taniguchi penche vers le fantastique par moments, tout cela reste étonnament plausible et sujet à un beau voyage.

Il réussit un parfait mélange entre le manga et la bd franco-belge. C'est donc une bonne occasion pour découvrir la bd japonaise pour qui ne la connait mais aussi d'approcher l'oeuvre d'un des auteurs de bd parmi les plus importants de son temps.

Alors laissez-vous tenter, ouvrez un de ces livres et vous serez déjà conquis par son dessin...






jeudi 4 juillet 2013

Un érudit en Sibérie...




Titre: En Sibérie

Auteur: Colin Thubron

Année de première édition: 1999

Domaine: Géographie

Cote: 910.4 THU

Localisation: Prêt Adulte

Utilisation: Prêt normal



Si comme moi, vous avez aimé accompagner Sylvain Tesson dans sa « Sibérie chérie » alors vous aimerez repartir pour un périple avec Colin Thubron, écrivain-voyageur (ou voyageur qui écrit bien!) dans ce Far East qu'est la Sibérie, une contrée difficile à cerner.

Colin Thubron est né en Angleterre en 1939 et a passé sa vie à voyager dans le monde entier avec une prédilection pour l'Asie; et ce livre raconte son périple qui l'amena en quelques mois à traverser la Sibérie d'Ouest en Est à la fin des années 90. L'URSS venait de tomber quelques années plus tôt et Thubron allait prendre le pouls de ce qui restait peut-être de plus russe dans l'empire, la Sibérie. La Sibérie, annexée par les cosaques du tsar et aménagée à coups de millions de déportés. Dans ce livre, l'auteur n'oublie pas de nous faire sentir ce lourd héritage par les lieux visités et les personnes rencontrées.

Colin Thubron écrit bien et maîtrise parfaitement son sujet, notamment l'histoire de la Sibérie qui est distillée dans les pages de ce livre sans jamais être rébarbative. Les données sur la Sibérie sont accompagnées des pérégrinations sur les lieux de cette histoire et les descriptions de l'auteur donnent à voir ces paysages chargés de symboles. De plus, les rencontres de l'auteur avec les habitants de la Sibérie, russes ou minorités autochtones, donnent à comprendre certains traits historiques et contemporains de la Russie.

Le voyage sera exotique par les paysages traversés, du printemps à l'hiver, mais aussi par les personnages croisés; la Sibérie ayant abrité de tous temps les réprouvés de la Russie. Déjà en 1999, la mafia gangrénait la Russie et beaucoup d'anciens regrettaient les avantages matériels du communisme. Mais comment regretter un régime qui vous infligeait 5 ans de camp pour une blague sur Staline prononcée dans la rue?

Le récit de Colin Thubron est un excellent récit de voyage mais aussi un bon livre d'histoire et de géographie, riche de dizaine de rencontres; et même, si à la fin du livre, comme l'auteur, on ne sait si on comprend mieux la Sibérie, au moins on aura fait un voyage enrichissant et par moment très émouvant.

lundi 17 juin 2013

Le tour de force de Jim Harrison





Titre: L'été où il faillit mourir

Auteur: Jim Harrison

Cote: R HAR

Année de première publication: 2005

Localisation: Prêt Adulte

Utilisation: Prêt Normal



Si j'affirme que Jim Harrison réussit un tour de force avec cet ouvrage, c'est qu'il vous offre au moins 2 romans et une autobiographie dans ce recueil de trois novellas. Il est convenu d'habitude d'appeler une novella, une longue nouvelle qui n'est pas un roman.

Dans la première novella, Harrison narre quelques mois de l'existence de Chien Brun, indien métis et nouvellement père par alliance; il vit avec ses deux enfants et son oncle dans les bois, pas très loin d'une ville du Nord. Le portrait de Chien Brun et de sa famille est très attachant et notamment la façon dont ils font face aux coups du sort. Chien Brun se découvre notamment une âme de père lorsqu'il s'agit de s'occuper de Baie, sa jeune fille atteinte de la maladie du bébé alcoolique car sa mère a bu pendant la grossesse. Baie ne parle pas mais sait imiter tous les oiseaux et a un petit serpent noir pour compagnon. Chien Brun se débrouille comme il peut pour gagner quelques dollars pour ses enfants afin d'améliorer l'ordinaire. Mais Chien Brun est aussi attachant, tout comme une galerie de personnages comme Gretchen l'assistante sociale ou Belinda la dentiste à la sexualité débridée. A la lecture de cette novella, on se rend compte de l'immense talent de Jim Harrison et on se dit que ce texte, plus développé, aurait fait un sacré roman. Mais le voyage et le dépaysement sont là. Harrison s'intéressent aux paumés de tous poils, sait nous parler des indiens, nous fait partager son amour immodéré de la nature et de la bouffe ainsi que du sexe. On vit, on respire, on réfléchit quand on lit cette novella.

La deuxième novella est en trois parties et raconte pour chaque partie la vision de l'amitié de trois copines riches. Cette novella s'appelle « Epouses républicaines » et Jim Harrison s'est amusé à se glisser dans la peau de trois grandes bourgeoises pour notre plus grand plaisir. Les réflexions s'enchaînent dans la psyché de ces femmes, souvent sans queue ni tête, ce qui montre que ces femmes qui ont tout se cherchent comme tout le monde et n'ont pas tant que ça la tête sur les épaules. La première a essayé de tuer celui qui est l'amant des trois, un poète rencontré quand elles étaient à la fac. J'ai envie de dire que le plus intéressant dans cette novella est le portrait en creux qui se dessine de cet amant poète qui est odieux mais qui les a toutes séduites car il représente ce que ne sont pas leurs riches maris. Elles sont donc prêtes à se faire humilier pour vivre leur part de bonheur espéré.

La troisième novella est une autobiographie en trois parties de l'auteur: l'enfance et l'adolescence (formatrice dans son désir d'écrire et d'aimer la nature), la vie d'adulte (et ses problèmes d'argent) et enfin l'âge mûr ( celui de la reconnaissance littéraire). Comme il est bon se suivre Harrison dans sa vie qu'il feuillette avec vous pour mieux vous distiller ses pensées profondes qui sont autant de conseils; il est bon pour qui s'intéresse à la création littéraire de connaître les auteurs qui ont influencé Jim et à quelle période. IL est bon de s'entendre dire que la vie d'écrivain impose de nombreux sacrifices notamment financiers avant d'être reconnu. Harrison enchaîne les anecdotes avec facilité et maestria pour vous peindre un des portraits de sa vie. J'ai envie de dire que l'on ne peut qu'aimer ce type après la lecture de cet autobiographie.

Lire pour la première fois Jim Harrison est une expérience inoubliable. Pour ceux qui le connaissent déjà, la lecture de ce recueil ne fera que vous conforter dans votre intuition: Jim Harrison est bien un géant des lettres américaines!

dimanche 5 mai 2013

Les cavales d'un papillon


Titre: Papillon

Auteur: Henri Charrière

Année de première publication: 1969

Domaine: Biographie

Cote: B CHA

Localisation: Magasin 3

Utilisation: Prêt Normal



En 1967, un an après le tremblement de terre de Caracas qui l'a laissé ruiné, Henri Charrière dit « Papillon » tombe dans le journal sur l'information suivante : Albertine Sarrazin, écrivain qui a connu la prison et les cavales, a vendu 100 000 exemplaires de ses livres. Papillon se dit alors qu'avec sa vie de bagnard à Cayenne et ses multiples cavales, il doit pouvoir en faire autant s'il raconte sa vie dans un livre. IL remplit pour commencer deux cahiers d'écolier qui raconte son jugement et sa condamnation au bagne à Cayenne lui qui est innocent du crime dont on l'accuse. Il les envoie à Robert Laffont qui de suite veut la suite de cette histoire extraordinaire.

De Papillon, nous connaissons surtout le merveilleux film avec Steve Mac Queen et Dustin Hoffman; mais là dans ce vaste récit, il nous est donné de connaître la vraie vie de Papillon, vie on ne peut plus aventureuse, faite de cavales et d'emprisonnement.

Henri Charrière nous raconte sans presque rien nous cacher de la vie au bagne entre « durs ». Il dénonce aussi dans le livre la machine judiciaire française qui peut s'emballer et envoyer des innocents au bagne; attention, Papillon était innocent du crime qui l'a conduit au bagne mais n'était pas un ange non plus car à 25 ans il faisait partie du milieu. Mais nous sommes dans les années 30 et la France, pays des droits de l'homme et pays civilisé, continue d'envoyer des hommes « sur le chemin de la pourriture » comme l'appelle Papillon à savoir aller pour la plupart mourir au bagne ou bien y rester toute sa vie. Le bagne est inhumain notamment le bâtiment où l'on enferme ceux qui se rendent coupables de délits au bagne.

Papillon n'accepte pas cet état de fait et part en cavale deux mois après seulement arrivé à Cayenne. Commence alors une aventure extraordinaire qui le verra alterner cavales et emprisonnements.

On dit que la réalité dépasse souvent la fiction et quand on lit ce livre on est forcé de le croire. Ce livre est un livre d'aventure époustouflant écrit par Papillon comme s'il était à côté de vous et vous racontait sa vie; en effet, le style littéraire de papillon se rapproche de l'oralité.

On ferme ce livre un peu sonné par tout ce que l'on a appris dedans sur le monde des « durs » mais aussi avec une grande force communiquée par le récit de Papillon qui n'a jamais baissé les bras et qui est allé chercher très loin sa deuxième chance dans la vie.

Ce livre est puissant.




samedi 9 mars 2013

"Les Ritals" de Cavanna




Titre: Les Ritals

Auteur: François Cavanna

Année de première publication: 1978

Domaine: Biographie

Cote: B CAV

Localisation: Magasin 3

Utilisation: Prêt Normal



Histoire du livre: Ce livre autobiographique retrace les années de jeunesse de Cavanna, de l'âge de 6 à 16 ans, entre les deux Guerres à Nogent sur Marne, dans le quartier où vivent les italiens car son père est italien.



Ce que j'ai aimé dans ce livre: J'ai aimé la formidable tendresse que Cavanna pose sur les choses et les personnes de cette époque. Il dresse notamment le portrait de son père, maçon italien illettré, qui est très émouvant car écrit avec amour. J'ai retrouvé dans ce portrait mon grand-père italien et maçon comme le père de Cavanna. J'ai aimé retrouvé les gros mots en italien et les manies des maçons. C'est comme si j'avais pris une bouffée de nostalgie mais pas de nostalgie triste. J'ai aimé la description de la vie de petit garçon et d'adolescent dans l'entre deux guerres. Les petits plaisirs, l'école, les filles, les copains, les particularités des familles italiennes, la formidable vie qui émanait de ces quartiers. J'ai aimé la lucidité de Cavanna, notamment quand il parle de sa mère mais aussi la lucidité sur ces années acquises avec le recul de l'âge. J'ai adoré le ton de Cavanna, sa langue qui oscille entre le gamin de six ans faussement naïf et l'adolescent qui devient un homme. J'ai aimé les aventures qui arrivent à ce garçon. Je me suis retrouvé dans Cavanna et ses passions et lubies. J'ai aimé la description des familles italiennes. J'ai adoré quand Cavanna écrit comme son père parle, avec l'accent. J'ai adoré prendre un petit cours d'histoire avec l'auteur. En deux mots, j'ai adoré la tendresse et la lucidité qui se dégage de cette tranche de vie.



Ce que je n'ai pas aimé dans le livre: Rien, y a rien à jeter dans ce livre!



Livres auxquels celui-là m'a fait penser: Les romans où John Fante parle de son enfance; tout comme les textes où Jack London et Jack Kerouac parlent de leur enfance. Les chansons de Renaud.



Une phrase du livre: « Le maçon jure porco Dio, traîne la Madonna dans la merde et engueule le manoeuvre. »

samedi 2 mars 2013

"Et le souffle devient signe" de François Cheng



Titre: Et le souffle devient signe: Ma quête du vrai et du beau par la calligraphie

Auteur: François Cheng

Cote: 759.092 CHE

Année de première publication: 2001

Localisation: Prêt adulte

Utilisation: Prêt normal



Principe du livre: Dans une première partie, François Cheng expose dans un style simple l'histoire de la calligraphie chinoise, ses divers codes et diverses écoles ainsi que quelques principes du taoïsme. Puis pendant 70 pages il nous est donné d'admirer les calligraphies personnelles de François Cheng avec leurs explications aussi bien esthétiques, historiques, philosophiques et poétiques. Chaque calligraphie est présentée sur une page avec en face son explication. Cerise sur le gâteau, un petit poème chinois traditionnel vient éclairer chaque calligraphie.



Ce que j'ai aimé dans le livre: La joie et la sérénité que sa lecture m'a procurée. J'ai aimé apprendre quelques subtilités calligraphistiques pour mieux m'imprégner des oeuvres de François Cheng. J'ai aimé le style simple de François Cheng qui invite au partage autour d'oeuvres réalisées dans un seul souffle comme le pouvait être la prose inspirée de Jack Kerouac. J'ai aimé apprendre quelques notions de taoïsme. J'ai adoré l'intense poésie qui se dégage des textes et des calligraphies. J'ai adoré les poèmes des vieux sages chinois. J'ai adoré les vérités infinis et célestes se dégageant des mots de François Cheng. J'ai aimé m'immiscer dans un acte créateur artistique. J'ai aimé rêvé et réfléchir en lisant ce livre. Je l'ai picoré comme on picore un morceau de bonheur en barre, le lisant par petites étapes.



Ce que je n'ai pas aimé dans le livre: J'ai tout aimé dans le livre même si malgré la simplicité des explications, certaines notions du taoïsme m'ont échappé. Comme quoi, les façons de voir le monde orientales et occidentales sont éloignées. Peut-être ce livre, tout comme pour moi, vous donnera envie d'en savoir un peu plus sur ces manières de penser la vie.



Quelques phrases du livre:

« La calligraphie est une musique de l'âme. »

« L'artiste qui fait naître une présence d'encre est inséparable de celui qui médite devant elle. »



dimanche 17 février 2013

"Tombouctou" de Paul Auster




Titre: Tombouctou

Auteur: Paul Auster

Année de première publication: 1999

Cote: R AUS

Localisation: Magasin 3

Utilisation: Prêt normal



L'histoire: L'amitié entre un « marginal », Willy G. Christmas et son chien Mr Bones pour leur dernière aventure ensemble.



Ce que j'ai aimé dans le livre: Le talent de Paul Auster de nous prendre dans les filets de son imagination fertile dès la première ligne du livre pour ne nous relâcher qu'à la dernière après un fabuleux voyage. J'ai aimé le fait que l'auteur prenne comme point de vue celui du chien pour nous raconter l'histoire et par toutes sortes de trouvailles littéraires nous faire vivre pleinement cette amitié entre un vagabond et son chien. J'ai aimé qu'Auster nous présente Wily le héros humain du livre, qui a des problèmes psychologiques assez graves, sans le juger et de façon sympathiques; car après tout notre psyché peut nous jouer à tous des tours!

J'ai aimé la description de l'amour canin envers les hommes et l'évocation de la vie de hobo du personnage principal. J'ai aimé les paraboles qui émaillent le récit comme celles sur l'amitié. J'ai aimé l'évocation des années 50 aux USA, ces années insouciantes.

J'ai enfin aimé le style si simple de Paul Auster qui fait qu'on dévore ce livre sans s'en rendre compte. De plus, j'ajouterais que la dimension tragique du récit m'a ému. C'est une formidable histoire d'amitié.



Ce que je n'ai pas aimé dans le livre: J'aurais souhaité que Paul Auster décrive longuement les années de vagabondage de Willy et Mr Bones aux Etats-Unis.



Livres auxquels celui-ci m'a fait penser: En fait, ce livre est à mon avis un condensé de la littérature américaine depuis Poe et Twain jusqu'à la fin du 20ème siècle.



Une phrase du livre: « On ne faisait plus qu'un avec l'univers, on n'était plus qu'une particule d'anti-matière logée dans le cerveau de Dieu. »


lundi 11 février 2013

"Les clochards célestes" de Jack Kerouac





Titre: Les clochards célestes

Auteur: Jack Kerouac

Année de première publication française: 1963

Cote: R KER

Localisation: Prêt adulte



L'histoire: Jack Kerouac raconte la rencontre et la naissance de l'amitié avec Gary Snyder, poète, alpiniste, anti-conformiste, orientaliste et fou du zen dans les années 50. Ensemble ils graviront le Matterhorn, point culminant de la Californie et passeront un printemps enchanté dans une cabane sur une colline surplombant San Francisco. De plus, dans la durée du livre, Kerouac traversera trois fois les Etats-Unis en stop, la dernière fois pour se rendre dans le Nord-Ouest où Snyder l'a convaincu d'être guetteur d'incendie sur le Pic de la Désolation. Seul pendant deux mois au sommet, Kerouac s'adonnera à la méditation et le racontera dans la dernière partie du livre. De plus, tout le livre est traversé par les interrogations boudhistes des deux héros.



Mon ressenti: J'ai toujours considéré Kerouac comme un frère littéraire et j'ai eu le plaisir de vivre la naissance de l'amitié avec Gary Snyder grâce à ce livre car Kerouac est un formidable conteur. D'ailleurs la première partie du livre est « sage et calme » dans le sens où Kerouac ne se lance pas dans sa prose un peu folle; je pense qu'il est impressionné par ce jeune poète de 8 ans son cadet et qui dégage une énergie et des passions communicatives. L'ascencion du Matterhorn et les deux mois passés sur le sommet du pic de la Désolation marqueront profondément Kerouac et il doit ses expériences à Gary Snyder.

Bien sur la vie bohème des « beatniks » de l'époque nous est contée avec brio et la deuxième partie du livre devient plus folle. Kerouac passe un hiver chez sa mère en Nouvelle-Angleterre à méditer de jour comme de nuit dans les bois de pins et à rechercher des visions et à s'interroger sur sa foi boudhiste.

Ses traversées des Etats-Unis en stop sont toujours un peu folles et si bien racontées qu'elles donnent envie au lecteur de voyager aussi.

Ce livre est un merveilleux portrait de Gary Snyder qui osait vivre à sa façon dans l'Amérique conformiste des années 50. Ce livre n'a rien perdu de son énergie malgré le temps et est très bien écrit. Il est de plus un merveilleux témoignage sur la génération beat de l'époque.

C'est un hymne à la liberté conté par un Kerouac éclairé qui peut à son tour illuminer nos vies un peu vaines.

Je vous conseille donc de suivre la trace de Crazy Jack et de son pote Gary.

mercredi 6 février 2013

"Les intermittences de la mort" de José Saramago


Titre: Les intermittences de la mort

Auteur: José Saramago

Année de première publication: 2005

Côte: R SAR

Localisation: Prêt adulte



L'histoire: Dans un pays, subitement plus personne ne meurt. Les personnes à l'article de la mort y restent et bientôt le pays ne sait que faire de ces morts encore un peu vivants et de ces vivants presque morts. Comment va réagir le gouvernement à cette situation extraordinaire? Et la Mort, va-t-elle se manifester à nous pauvres humains pour expliquer cet état de fait?



Ressenti: José Saramago est un auteur portugais né en 1922 et qui a obtenu en 1998, le Prix Nobel de Littérature. Ce roman, écrit en 2005, montre que ce vieux monsieur sait rire du temps qui passe et de l'angoisse de la mort partagée par tous.

J'ai envie de dire qu'il y a deux romans dans ce livre; la première partie nous montre que dans ce pays si plus personne ne meurt, que va-t-on faire des éternels moribonds qui restent indéfiniment en vie. Les maisons de retraite et les hôpitaux sont débordés. Les entreprises de pompes funèbres font faillite. Le gouvernement et l'Eglise sont inquiets de cet arrêt de la mort qui déstabilise la sécurité du pays. Sans dévoiler les mots de l'auteur, je dirais que ce dernier excelle dans cette première partie à se moquer du gouvernement, de l'Eglise et de nos travers d'humains lorsque la situation devient exceptionnelle. Comment va réagir le gouvernement et qui va s'occuper de ceux qui ne peuvent pas mourir? Vous rirez en lisant les réponses plausibles apportées et même si le rire est parfois jaune, vous rirez d'autant plus des travers de nos sociétés modernes.

Cette première partie m'a fait penser aux problèmes que nos pays riches traversent comme le vieillissement de la population, la gestion de catastrophes nationales et les intérêts de ceux qui nous gouvernent. José Saramago force le trait et c'est réussi.

La deuxième partie du roman est un dialogue avec un être surnaturel et est donc fantastique et poétique. L'auteur s'essaie à ce dialogue surnaturel et malgré quelques bons passages et quelques bonnes idées, cette partie m'a moins plu que la première. Toutefois, le lecteur aura le « bonheur » de rentrer dans l'intimité d'un personnage que l'on rencontre rarement en littérature générale et c'est tout à l'honneur de l'écrivain.

L'écriture de Saramago est dense, faite de longues phrases où les dialogues font partie de la longue phrase. Toutefois, même si les paragraphes sont denses, le style est enlevé et jubilatoire tellement l'humour n'est jamais loin. Saramago est un érudit bien au courant des choses de la vie et du progrès qui nous enchantent par ses mots et ses proverbes bien sentis distillés tout au long du récit. Une sagesse se dégage de ce livre, sagesse de l'auteur qui a connu des temps plus anciens et qui les met en balance intelligemment avec ce présent compliqué. Ce livre a aussi des portées philosophiques qui nous entraînent vers des réflexions plaisantes.

Je dirais que lire ce livre vous fera rencontrer le style littéraire si particulier de José Saramago et qu'il vous fera passer un moment jubilatoire et vous fera réfléchir.




jeudi 24 janvier 2013

"Les nouveaux contes d'Amadou Koumba" de Birago Diop




Titre: Les nouveaux contes d'Amadou Koumba

Auteur: Birago Diop

Genre: Contes

Année de première publication: 1961

Côte: 398.2 DIO

Situation: Au rayon Romans



Un cop era (il était une fois en gascon), un auteur sénégalais, Birago Diop, qui fût vétérinaire en brousse puis ambassadeur du Sénégal à Paris, qui décidât de se prendre pour un griot. Il convoqua alors ses meilleures histoires pour en faire un recueil de 13 contes.

Birago Diop, dans une très belle langue, assez unique, convoque sa connaissance de l'Afrique pour nous proposer contes et fables. En effet, les fables et les contes nous feront rencontrer Leuk-le-lièvre, Bouki-l'hyène, Gayndé-le-lion et d'autres animaux ainsi que les habitants de villages ancestraux, pour nous proposer des récits magiques à la morale populaire.

Les récits où apparaissent les animaux font penser au « livre de la jungle » alors que certains contes illustrent un proverbe énoncé au début du récit. Bien sûr, les personnages, les animaux et les lieux nous paraissent exotiques mais la morale des histoires est universelle. Sans doute, ces contes décrivent une Afrique du passé mais il est intéressant de connaître un peu les traditions d'une partie de ce continent, « même si tradition n'est pas toujours sagesse » comme le dit Tiken Jah Fakoly.

La lecture achevée, reste le sentiment de la magie des récits ainsi que le fait d'avoir voyagé et d'avoir appris des expressions typiques, de s'être assis sous l'arbre à palabres et d'avoir écouté le griot Birago Diop nous raconter ces merveilleux contes où le plus faible s'en sort toujours.

E cric e crac, mi conde qu'ei acabat ( et cric et crac, mon conte est terminé ).


samedi 19 janvier 2013

"Une vie à coucher dehors" de Sylvain Tesson





Titre: Une vie à coucher dehors

Auteur: Sylvain Tesson

Genre: Recueil de nouvelles

Année de première publication: 2009

Côte: R TES

Localisation: En rayon



Je suis très content de commencer ce blog avec un auteur que j'apprécie particulièrement, à savoir Sylvain Tesson; la quarantaine, géographe, marcheur, indécrottable voyageur et formidable penseur. Avec ce livre, il obtenait le Prix Goncourt des nouvelles 2009 et c'était mérité.

Mérité, car en 15 nouvelles, Tesson nous fait voyager dans le monde entier à travers des récits qui par leurs chutes, qui peuvent être morales comme amorales, soulignent la cruauté de notre monde moderne. L'auteur atteint son but de nous donner des nouvelles du monde, en faisant appel à sa grande érudition, son énorme connaissance des contrées étrangères et sa langue, faite d'un style simple, presque journalistique tant les différents sujets traités sont maîtrisés. De plus, Tesson parsème ses nouvelles de descriptions avec des mots de géographe ce qui invente un peu une nouvelle langue dans l'oeuvre de fiction par instant. Sa belle écriture précise convient bien au style de ses courtes nouvelles.

Il a pris comme toile de fond le monde et les bienfaits et les méfaits de la mondialisation. Ses nouvelles qui présentent toutes une chute, voire des fois deux, présentent le monde actuel dans toutes ses contradictions. Souvent, Tesson fait triompher le faible mais parfois ce sont des victoires amères.

Il a une grande imagination qui couplée à son érudition, compose des nouvelles que vous ne risquez pas de lire ailleurs. Les nouvelles sont courtes et leur style simple en rend la lecture jubilatoire. Vous voyagerez, vous apprendrez et enfin vous réfléchirez à la lecture de ces récits campés dans le monde présent comme passé tant Sylvain Tesson a aussi de solides connaissances historiques.

Ces 15 nouvelles portent la marque particulière de l'auteur qui a décidé de souligner la cruauté de notre monde pour ce recueil. A ceux qui apprécieraient ce recueil, sachez que Tesson a aussi écrit un autre recueil de nouvelles tout à fait remarquable, « les jardins d'Allah » en 2004 aux éditions Phébus; ce recueil a pour fil conducteur l'Asie et le style si particulier de Tesson était déjà présent.

Voilà, mon dernier mot sera pour vous dire d'ouvrir ce livre et de vous laisser emporter...



jeudi 10 janvier 2013

Présentation

Bonjour les gens!
L'habitué de la médiathèque, c'est moi; un passionné de lecture qui aimerait échanger autour de ses lectures glânées à la médiathèque municipale de Bagnères de Bigorre. Alors si vous aussi vous aimez lire et qu'une de mes critiques vous fait réagir, n'hésitez pas à me laisser un message, je me ferais une joie de vous répondre!
Si je choisis des livres uniquement de la médiathèque, c'est parce que je trouve que cette bibliothèque recelle des trésors qu'il suffit de dénicher. De plus, en ces temps de crise économique, il est bon de pouvoir compter sur un lieu qui met à la disposition de tout le monde quantité de livres et autres documents. Ce blog pourrait être un point de rencontre pour les amoureux de la lecture qui sont usagers de la médiathèque.
Alors maintenant que le décor est planté, je vous donne rendez-vous pour mes critiques, qui j'espère, vous donneront envie de lire et d'échanger...